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Ce point d’interrogation fait sonner l’addiction grandissante à notre smartphone, devenu objet incontournable dans notre quotidien et notre lien au monde.

Par nos gestes nous élevons ce simple objet utilitaire comme un prolongement de soi, nous enfermant aussi avec l’illusion d’être relié à l’autre ! En effet, ne tombons nous pas dans une conversation non incarnée en chair et en os, une conversation réfugiée derrière l’imaginaire des touches de nos téléphones ? Une conversation en boucle de soi ? Sans la véritable altérité de la rencontre réelle d’une conversation en présence de l’autre ?

En effet nombreux sont ceux qui sont de plus en plus déconnectés du vivant, coupé humainement de l’autre et pourtant dans l’illusion d’une hyper-connexion.

Le smartphone, la réponse à nos questions ?

Ceci est parfois complexe à percevoir. Brouillés, embrouillés que nous sommes dans le discours de la consommation. Ce monde capitaliste a pensé pour nous, avant même que nous l’ayons demandé. Ainsi, il peut être très difficile de lâcher cet objet, qui par ses innombrables applications et moteurs de recherches, a la solution à nos demandes et les devance pour nous simplifier la vie, nous venir en aide. La question du désir est interrogée dans ce mouvement. En effet, au sens plus large nous n’avons plus le temps d’éprouver les vicissitudes de nos besoins, de constater nos manques, notre finitude. Notre vie devient satisfaite, saturée de réponses sans les questions.

Rester seul sans téléphone, de plus en plus compliqué

Plus besoins de demandes adressées avec des mots vers l’autre que je croise, que je rencontre. Plus d’attente, cette lumière du désir, indispensable relief de la vie. Ce temps de manque voir d’ennui, ces éprouvés sont comme le sel de la vie. Pour le dire autrement, l’absence crée le désir. Du vide nait la vie. Sans quoi nous nous égarons dans la platitude de l’horizon bouché de satisfactions rassasiées avant l’heure. Notre vie a-t-elle encore besoin de la verticalité du désir ?

Cependant le vide est confrontant. Il nous propulse dans notre propre rapport à soi, notre propre silence, à la lisière de nos empêchements, nos vertiges. Il est difficile de rester seul… avec soi-même. Ce n’est pas qu’une question d’époque, même si de nos jours, il y a profusion de distractions à portée de mains, de loisirs que n’ont pas connus les générations précédentes.

En effet de tout temps, l’homme cherche à se détourner de son propre centre, cherchant certes vers l’autre ce qui lui manquerait mais aussi contribuant à perpétuer son aveuglement dans des dérivatifs, amusements, des croyances… écartant cette complexité a non seulement rester seul mais aussi sans objet, sans activité, c’est-à-dire sans la fuite possible dans le divertissement même solitaire. Nous confrontant sans doute à certains vertiges existentiels ?

Smartphone, accroché à nos vies

Ainsi nos chers smartphones se glissent tout naturellement dans nos sacs, nos poches comme le prolongement de nos mains. Cette vie, que l’on peut qualifier de virtuelle, à portée de soi est parfois bien difficile à limiter. En effet, ce téléphone suit nos mouvements, se calle sur nos habitudes et préférences et s’introduit jusque dans le lit de nos intimités. Nous ne pouvons-nous séparer de l’objet. Notre société nous offre t’elle le luxe d’être manquant ? Comment ne pas se sentir fatigué si il n’y pas coupure, cadre, limite ?

D’où cette fatigue psychique, diffuse tant le portable est infiltré naturellement dans notre vie. Cependant, on peut penser que la fatigue… est du manque de soi. En effet, comment ne pas percevoir que nous nous délitons de nous même à ne plus pouvoir rester sans l’objet ? La question pourrait aussi s’écrire ainsi : Qui est véritablement l’objet ?

Le téléphone, un outil pour combler un manque de visibilité

Nous finissons par ne plus être désirant que de valeurs marchandes accessibles en un clic. Attendons commentaires et likes comme une reconnaissance qui devra sans cesse être actualisée, nous entrainant parfois de platitudes voir de bassesses derrière le no limite des réseaux. Ces instantanées, où même le temps est immédiat, sans espace d’attente et devient lui-même objet à maitriser. Comment ne pas percevoir dans cette quête la traduction d’un manque profond d’amour envers soi-même ?

Car le téléphone portable offre une animation infinie, non seulement comme outil de connaissances, de savoir (j’ai accès à pléthore de sites, d’articles qui m’ouvrent à une connaissance inouïe de chez moi et de n’importe où) mais aussi comme évoqué plus haut par le semblant des « réseaux sociaux »… Où la pression serait de n’être nulle part ou de ne pas être visible si nous n’y sommes pas !!! Que dire face à ce constat qui devient question injonctive d’y être ? Comment la détourner ou ne pas la faire sienne ? Car je rappelle au passage que nous sommes responsables de la direction des choses et donc du monde, même à l’échelle de nos actes.

L’objet central

Puis nous nous étonnons ou nous agaçons de voir les jeunes, voire très jeunes en version accélérée de nos propres actes. En effet, cet objet devenu addictif est bien souvent l’objet central, comme un autre de la famille. Faisant parfois interface, voire parasitage même dans le lien aux enfants. Les enfants très jeunes n’ont évidemment pas ce pas de côté, ayant toujours vu leurs parents avec cet objet accaparant leur attention naturellement. D’où parfois ces disputes, les enfants réclamant eux aussi leurs parts de jeux en arrachant le portable des mains de leurs parents. Alors comment être crédible dans nos interdictions éducatives aux portables ?

Définir et limiter son utilisation

Malgré ces constats et comme tout sujet dans la vie il est important de nuancer les propos sur cet outil qui offre évidemment des possibilités considérables et probablement que nous ne sommes qu’au balbutiement de cette vie facilitée et qu’il nous appartient de ne pas tout confondre car au fond nous sommes responsables de l’usage que nous entretenons avec autrui et les choses de la vie. Il nous appartient aussi, à chacun, de penser notre rapport au monde et à l’autre ? Qui je tiens à distance derrière l’écran ? Ne serait pas moi ?

Est ce un parallèle de nos actes que la réalité du monde nous renvoie depuis 2020 ? Où l’autre est prié de se tenir à distance derrière un masque ou qu’il devra montrer patte blanche, qu’il n’y a pas de danger à la rencontre pour de vrai ?

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