La fête de Noël bénéficie le plus souvent d’une aura enchanteresse. Elle nous propulse dans la magie de l’âge tendre et de la famille.
En France, cette fête nommée Noël trouve son essence dans son origine latine (natalis), qui est celle de la nativité, le jour de la naissance. D’une certaine manière Noël fait référence au grand miracle de la vie. Au mystère et à la magie.
Je vous présente dans cet article différentes pistes de réflexions et pensées. Le sujet de la fête de Noël est vaste. Il peut tout à fait être abordé sous d’autres angles et élargie vers d’autres perspectives.
Noël nous emmène dans un temps et un lieu qui se rappellent à nous au travers de notre âme d’enfant.
Un petit peu d’histoire dans celle du père Noël
Cette fête est personnifiée par le père Noël. Venu d’un autre temps ou monde, avec son char et ses rênes, il distribue généreusement les cadeaux aux enfants, la nuit du 25 décembre. Le célèbre personnage n’a pas toujours existé tel que nous le connaissons ! en effet, il hérite d’une longue histoire avant JC, issue de la fête du solstice d’hiver et aussi celle de la saint Nicolas. Dans la nuit du 5 au 6 décembre, Saint Nicolas allait de maison en maison pour récompenser les enfants sages. Si ce n’était pas le cas, son double maléfique, le père fouettard se chargeait de la punition. Dans cette tradition, peut-être y verrez-vous, l’origine de certaines formules éducatives et conditionnelles. (par ex : si tu n’es pas sage, tu n’auras pas de cadeaux, tu seras puni). Cette coutume de la Saint Nicolas fut progressivement laissée en France, bien que toujours présente dans certaines régions. Lors des migrations en Amérique, les européens ont exporté et perpétué cette fête de la saint Nicolas/santa klauss.
C’est en 1823, qu’un pasteur Newyorkais écrivit et fit publier dans un journal un poème sur ce personnage. « A night before Christmas. A visit from saint Nicolas ». Petit à petit, le personnage du père Noël prend forme sans sa contrepartie du personnage punisseur. Il devient alors celui qui offre pleinement des cadeaux à tous les enfants.
Noël devient la fête des enfants, déplaçant sa célébration au 25 décembre, coïncidant avec la nativité et la fête religieuse. Dans les années 30, c’est une marque américaine qui contribuera à sa notoriété et popularisera le personnage. Celui que nous connaissons, revêtu de rouge avec un traineau et ses rênes. En France, le père Noël arrive vers les années 1950. Après un rejet de l’église, cette fête s’est laïcisée et la société de consommation s’est largement emparée du sujet.
Pointant la question de que fêtons-nous au juste ce jour-là? Dans cette fête incontournable à laquelle nous tenons tant.
Chacun porte la fête de Noël dans ses souvenirs
le père Noël est issue d’une longue histoire. Il n’a pas toujours été tel que nous le faisons exister.
Chacun, chacune a son propre Noël, nous entraînant dans le sillage de la narration de ses souvenirs d’enfance. Etoiles dans les yeux, préparations de la fête en famille, dessins et lettres pour le père Noël, attente des cadeaux, de la neige, mise en scène heureuse…
Noël berce chez chacun les souvenirs de sa plus tendre enfance. Comme en rend compte ces témoignages d’invitées et téléspectateurs dans une émission sur France 3 Bretagne . Plateau télé où j’ai été invitée à évoquer ce sujet. Le sujet de la « magie de Noël » commence à partir de la minute 4’20 dans lequel suivront mes quelques interventions.
N’occultons pas une autre réalité de Noël. Où les souvenirs ne sont ni tendres ni poétiques par l’histoire personnelle et familiale, un passé douloureux ou un présent difficile. Noël résonne aussi durement et amèrement pour certains, appuyant vivement sur l’isolement ou le sentiment de solitude entre autre. En effet, les racines de Noël prennent naissance au sein même du foyer. Son histoire perpétuée ou non, sera indéfectiblement liée à l’histoire familiale, connotant cette tradition de sentiments et ressentis.
La fête de Noël, un moment de magie et de féérie ?
Bien que l’ère de la consommation amène son caractère souvent démesuré, les vitrines sont à elles seules de véritables spectacles.
Il n’est qu’à voir l’émerveillement des enfants et des adultes retrouvant leur âme d’enfant devant les illuminations, l’extraordinaire, la féérie.
la magie émane de Noël. Nous sommes comme transportés dans un autre monde.
Témoignerait-il de notre besoin d’une autre dimension de la vie ? Celle justement de l’enfance proche de l’insouciance, de l’innocence. Ce monde de l’enchantement, de la légèreté et du beau. Où la féérie et le beau élèvent le quotidien d’une douce poésie. Un monde sensible et enchanteur qui touche l’âme de chacun. Nous comprenons aisément que cette période nous rapproche aussi de la joie, de l’amour et de sa lumière. Qui au fond est notre raison d’être ?
Chacun porte en soi la lumière (et oui !) et peut apporter, transmettre une certaine merveille de la vie. Parfois, elle est un peu trop oubliée dans nos vies ultra connectées ou superficielles. Vies surtout déconnectées de nous-même et du vivant ! C’est en cela que Noël touche notre propre magie personnelle et ramène cet enchantement premier. La magie, entendez là aussi, à juste titre comme « l’âme agit ». Et oui, c’est notre essence même, notre énergie qui est touchée.
Par Noël, on fait exister des moments que l’on espère festifs et apaisés. Ce qui nous porte à penser notre besoin de fêtes, de folklores, de mythes. Certainement relié à notre profonde nature.
Besoin de croire à la magie de la fête de Noël ?
Dans ces moments de grands bouleversements, de pertes de repères (religieux, familiaux mais aussi actuellement les conditions sanitaires liées au confinement…), les fêtes sont des marqueurs temporels. Elles tentent d’amener du sens à cette grande énigme de la vie.
Comme nous l’avons vu, le père Noël est une invention riche d’histoires. A la fois comme amenant un sens au passage des saisons et par la figure représentative de Saint Nicolas et de son double maléfique. L’homme a besoin de créer et donner du sens aux mystères pour s’appuyer et guider sa vie. Ici, la figure du père Noël est bien singulière. Il est un pur produit de l’imaginaire et d’un besoin de sens par des croyances. (celle de Noël est particulière car on la sait « fausse »). Il bénéficie d’une aura supplémentaire par la mise en scène au sein même des foyers, des rues et ambiances.
Tout le monde ou presque participe à cette grande fête de Noël. Ainsi son histoire se perpétue, celle que nous faisons croire sciemment aux enfants et ses propres enfants.
Il y a en chacun de nous un besoin de croire au merveilleux et à l’inconditionnel.
Doit on faire croire aux enfants l’histoire du père Noël ?
La question se pose souvent en cas de conscience pour certains parents ou professionnels de la petite enfance ! Partons plutôt du ressenti de chacun(e) vis-à-vis de ses propres souvenirs pour trouver sa réponse.
Les traces laissées par ce temps de l’enfance puis le positionnement vis-à-vis de cette affaire concernent chacun. Selon son propre vécu et choix. Ce que retient surtout l’enfant, au-delà des mots, c’est la transmission. Celle que ses parents, sa famille, lui en donnera et ce qui l’entoure. L’enfant perçoit de façon très sensible les choses de la vie. Car même si nous n’adhérons pas à cette tradition, il y a quand même transmission, ne fut-ce que par l’opposition et les raisons sont généralement familiales et les incidences sur soi (Noël est lourdement connoté ou chargé du passé).
Mais la joie, voir la foi dans ce que l’on transmet, votre propre ardeur, votre désir donne un supplément d’âme. Cette étincelle dans vos mots et toutes les histoires que vous inventerez pour qu’il y croit vraiment. Au point que parfois, le parent se laisse prendre à ce jeu ! Et nous nous demandons qui a besoin de croire au père Noël ?
Le père Noël vient toucher à ce besoin de croire à une instance clémente et inconditionnelle. Le personnage folklorique vient toucher cette dimension où il existerait au moins un (personnage) qui viendrait, miraculeusement, arranger notre vie. Une instance (ici sous la figure d’un père ou d’un grand père aimant par exemple) qui ferait preuve d’indulgence et bonté. Et de surcroit distribuerait prodigieusement des présents sans conditions, aucune.
L’enfant perçoit de façon très sensible les choses de la vie.
Le père Noël, une représentation symbolique ?
De l’imaginaire naît la représentation symbolique. Nous l’avons vu, dans le lointain de nos ancêtres, St Nicolas et le père fouettard participent à la construction d’une instance régulatrice. Voir correctrice des faits et gestes des enfants. La récompense ou la punition. Ces figures sont un appui symbolique. Si de nos jours le père Noël est encore associé à ce caractère, il témoigne du besoin d’une autorité supplémentaire. Un tiers dans la relation à l’autre. Cet autre garant de l’ordre et de l’interdit. Celui sur lequel on se réfère (comme aussi l’appel au gendarme, le rappel du loup dans la forêt…). Cependant, soyons honnête cela frise au chantage et au conditionnel.
Plus généralement, notre cher père Noël bénéficie d’une considération plus douce, clémente. Il est plutôt associé à son caractère généreux, aimant ou à ses pouvoirs surnaturels.
Nous employons facilement cette expression dans notre quotidien « croire au père Noël » pour indiquer à la fois le coté pur, illusoire de nos aspirations, de nos projets et aussi prendre nos désirs pour la réalité. Que seul l’entremise d’un coup de grâce comme le père Noël rendrait possible ou sauverait.
Il représente celui qui viendrait exaucer nos vœux, viendrait nous protéger. Celui qui arrangerait la grande affaire de la vie. Comme une promesse.
La croyance dans ce personnage symbolique vient combler l’absence de réponses face aux énigmes de la vie.
La magie de la fête de Noël tient elle de la poésie ?
Françoise Dolto y amenait aussi une version très intéressante : « Les enfants ont besoin de beaucoup de poésie comme les adultes d’ailleurs, puisque eux-mêmes continuent à se souhaiter “la Noël“. Le Père Noël, c’est un mythe. Et un mythe, c’est de la poésie qui a sa vérité ».
En effet, comme je l’aborde ci-après, nous avons aussi besoin d’accueillir la vie, le nouveau-né. L’accompagner d’histoires douces et belles face au réel de la vie. L’histoire du père Noël peut-elle être perçue comme un geste d’accueil ? De protection face aux épreuves de la réalité qui l’attendent dans le futur ?
D’où nous vient ce besoin d’histoires ?
Il n’est qu’à voir l’écoute attentive, émerveillée et sérieuse d’une histoire lue, contée aux enfants. L’histoire, mille fois lue.
Ainsi nous saisissons notre rapport au sens, aux mots et aux histoires réelles ou inventées. Tous les enfants aiment qu’on leur raconte des histoires, des fables. Elles ont surement une fonction. Comme celle d’arriver dans un monde qui lui veut du bien. Où il est question d’amour, de sauveur, de parcours initiatiques, de monde fascinant… ces douces histoires racontées avec le cœur amènent sécurité, affection, tendresse. On grandit aussi avec les histoires de son enfance. Dont on se détache progressivement face à la découverte de la réalité.
Il est important de laisser l’imaginaire de l’enfant se construire, que l’enfant élabore ses propres croyances face à la vie. D’ailleurs, savons-nous répondre à toutes leurs questions ? Car les enfants touchent le réel de la vie par leurs réflexions et recherches de savoirs. (Comme : ou étais-je avant d’être né, ou vit le père Noël… ?). Nous avons ces mêmes questions mais nous les avons souvent laissées choir dans ce temps des origines.
Les croyances infantiles sont tenues pour vraies même si coexistent en parallèle les explications des parents ou des plus grands. C’est un temps nécessaire, un besoin de croire. (Trop d’informations et d’explications étouffent cette construction imaginaire et créative). Peut-être avez-vous pu remarquer, certains enfants affirmer qu’ils ont besoin de croire « encore » au père Noël. N’allons pas trop vite, laissons-les dans l’enfance !
Le père Noël interroge notre rapport à la vérité et donc à l’illusion ?
Nous avons tous appris un jour qu’il n’existait pas… et cependant nous continuons à le maintenir présent dans nos transmissions. Ou pas. C’est là que se loge aussi notre rapport au monde. Dans ce dont nous avons réellement ou pas hérité, compris ou choisi d’hériter puis ce que nous transmettrons à présent. Il appartient à chacun de répondre de ses propres choix. Soit :
- soutenir l’illusion enchanteresse propre à l’enfance. Ainsi il s’agit de supporter la fable qui a valeur d’artifice. Mais nécessaire à l’épreuve de la réalité, en se prêtant au grand jeu de cette histoire codée et socialement admise.
- refuser de rentrer dans cette illusion de l’existence du père Noël car associé au mensonge. Ce choix est souvent appuyé au motif de la transparence, de dire « absolument » toute la vérité aux enfants, comme un dévoilement. (Et oui, notre société injonctive oublie l’humain et la poésie derrière des positions parfois radicales. Celles de la transparence et de rendre des comptes). Cela touche entre autres la difficulté d’abonder dans les codes sociétaux et familiaux.
La fête de Noël et la désillusion du père Noël ?
En effet, cette histoire inventée de toute pièce contient en elle-même ce qui participera à la disparition de sa croyance, quand l’enfant a compris et sait ! En effet, depuis sa venue au monde l’enfant croit tout ce que disent ses parents. Lorsque le secret sera révélé, la désillusion n’est que l’amorce de l’autre désillusion. Celle de la toute-puissance de ses parents et que la vie fera déchoir tôt ou tard. Car l’enfant prête à ses parents la place de supposés savoirs. Le rituel du père Noël en est d’une certaine manière l’amorce. Aussi, même les parents qui ne rentrent pas « dans le jeu » du père Noël seront tôt ou tard confrontés à cette destitution. (Rappelez-vous, vous-même de cette découverte vis-à-vis de vos ainés).
On peut avancer que le père Noël a une fonction structurale et anticipatrice. Celle de renoncer à des parents tout-puissants, à l’autre infaillible. Le personnage mythique sert de support et ouvre à ce droit de douter de la parole de l’autre.
Aussi ce processus est socialement admis. L’histoire colportée aux enfants hérite de cet historique sociétal. Et ce en plus de la tendre et extraordinaire histoire liée à sa propre enfance, puis la probable déception vécue.
Cependant la découverte intervient le plus souvent à un âge où l’histoire n’est plus tenable dans la réalité. L’enfant a grandi. Ses observations, ses logiques, ses recherches et savoirs ont sérieusement mis en interrogation l’existence du père Noël.
Chacun porte dans son cœur son Noël ?
Nous pouvons aussi voir cette histoire sous cet angle : chacun porte dans son cœur son Noël, sa magie ! (Et pas que le 25 décembre).
Nous sommes et pouvons tous être ce « père Noël », qui offre de sa générosité de temps sincère et dénué d’attentes. Et aussi d’attentions authentiques, de cadeaux juste pour la joie… pour quelqu’un de son entourage ou offrir incognito.
L’idée de Noël est peut être porteur de ce geste : donner pour donner, (sans en attendre la reconnaissance, le remerciement, qui en fait une offrande conditionnelle).
le véritable cadeau est le don inconditionnel.
Je vous souhaite à toutes et tous un joyeux Noël.
Amusez-vous.